A la veille des vacances (eh oui, il ne reste plus que quelques jours à partager avec mes loulous), j’ai envie de vous parler du parcours que j’ai emprunté pour devenir enseignante. Ce chemin n’a pas été de tout repos. Loin de là. Mais souvent, les personnes qui ne connaissent pas cet univers sont bourrés d’à-priori. Lorsque l’on enseigne dans le premier degré (école primaire : maternelle + élémentaire), il y a souvent des remarques qui reviennent. Celles-ci ne sont pas très agréables à entendre, d’autant plus qu’elles sont fausses.
Quel parcours pour devenir enseignante ?
J’ai toujours su, depuis toute petite, que je voulais être “maîtresse”. Cela remonte à mon année de CP, en réalité. J’étais dans une classe à double-niveau, CP / CE1, avec une enseignante géniale. C’est elle qui m’a donné l’envie et la passion pour exercer le plus beau métier du monde. Bien sûr, en grandissant, j’ai découvert d’autres domaines. J’ai alors souhaité m’orienter vers l’enseignement des langues (d’abord l’anglais, puis l’espagnol), le journalisme (coucou le blogging qui m’a permis d’assouvir en partie cette passion) et les métiers de la petite enfance. La grande majorité de mes plans de carrière tournait donc autour des enfants / élèves.
Au cours de mes études, j’ai du réaliser divers stages. D’abord le stage de 3e, que j’ai eu la chance de faire dans mon ancienne école. J’avais d’ailleurs choisi la maternelle. Cela m’a permis de me replonger dans cet univers qui m’était familier. Mais en étant de l’autre côté du décor. J’y ai pris un réel plaisir. Le plus difficile à l’époque était de mettre une barrière entre les enfants et moi. Chose que j’ai appris à faire en grandissant, en évoluant.
Et puis, j’ai commencé le lycée. J’ai obtenu mon bac ES spécialité maths, en 2008. Je suis ensuite entrée en fac de langues (LEA : Langues Etrangères Appliquées). Je me suis orientée directement vers ce domaine que j’aimais tant, car, à l’époque, il fallait avoir une licence dans une des disciplines enseignée à l’école primaire. Ce choix a été une évidence car j’étais férue de langues étrangères. Puis, je suis entrée à l’IUFM où j’ai suivi un master enseignement, durant 2 années, afin d’accéder enfin à mon rêve : devenir professeur des écoles.
Quel parcours après le master ?
A l’époque, lorsque je suis rentrée à l’IUFM, il y a avait une première année où l’on nous préparait aux écrits du concours puis, une deuxième année durant laquelle nous passions les écrits. Mais c’est également en M2 que l’on nous aidait à préparer les oraux et que nous les passions.
Ces deux années ont été extrêmement compliquées et intenses. Les notions (re)vues étaient assez pointues. Lorsque j’ai appris mon admissibilité, suite aux écrits, j’étais la plus heureuse car je me rapprochais enfin de mon rêve. Je pouvais le toucher du bout des doigts. Mais aussi et surtout, car je n’y croyais pas. Je me souviendrai toujours de ce sujet d’histoire autour de Jeanne d’Arc, qui m’a tant traumatisée le premier jour des écrits. Lorsque je suis revenue le lendemain pour passer la suite (et fin) des épreuves, la salle était quasiment à moitié vide. J’ai alors eu l’espoir de pouvoir obtenir les écrits. Mais, malgré tout, sans trop y croire. Puis, la fin de l’année de M2 est arrivée et, avec elle, les oraux. N’étant absolument pas à l’aise pour parler en public, il m’a bien fallu prendre mon courage à deux mains. Lorsque j’ai finalement obtenu les résultats des oraux et donc su que j’étais admise, j’en ai pleuré et crié de joie partout dans la maison. Cette fois, c’était bon : mon rêve devenait réalité. Mais c’était sans connaître ce qui m’attendait à la rentrée. Comme un saut dans l’inconnu.
Le métier d’enseignante est-il une vocation ?
Septembre 2013. Ça y est, je suis lancée dans le grain bain. Toute seule. Je dois gérer une classe de 21 CE1…et leurs parents. Et ça, ce n’est pas de la tarte. Mais avec la passion, l’envie et la motivation, on peut tout réussir. Et c’est ce que j’ai fait. Haut la main, d’ailleurs.
Car oui, être enseignante est une vocation. Qui naît plus ou moins tardivement. Mais il faut aimer ce que l’on fait. Peu de gens supportent de travailler avec des enfants toute la journée. Il n’y a qu’à voir le nombre de parents qui nous mettent leur enfant à l’école lorsqu’il est malade : “Oh, il a vomi ce matin, mais ça va mieux, il voulait venir !”. C’est tellement mieux de le mettre à l’école, gratuite, plutôt que de perdre une journée de travail, pour le bien-être de son enfant. Et pour supporter ça, voyez-vous, il faut avoir la foi, aimer son métier, que celui-ci soit une vraie vocation. Finalement, durant l’année scolaire, on passe plus de temps avec les enfants qu’ils n’en passent avec leurs parents. Ça fait réfléchir…
Alors, lorsque l’on entend de plus en plus ce métier être dénigré, le concours obtenu avec des moyennes minables, ou encore des enseignants venus le passer dans l’académie de Créteil parce que “c’est plus facile” (ce qui est faux, le concours est le même….simplement, plus de candidats sont pris car c’est une académie déficitaire…), on peut être en droit de se demander si ces enseignants qui ont tenté 5 fois le concours sans l’obtenir, dans leur académie d’origine, ont une légitimité dans le métier. C’est peut-être également cela qui contribue à une mauvaise image des enseignants et à tous les à-priori qu’on leur attribue…
Aimeriez-vous ou non exercer mon métier ? Pour quelle(s) raison(s) ?
13 commentaires
J’exerce actuellement ce métier en tant que PES dans une classe de CE1 / CE2 et une classe de CM1 / CM2 et je te rejoins sur les propos de ton article fort intéressant. En effet il faut avoir la foi, aimer ce qu’on fait, c’est peut être une vocation mais il faut également travailler dur pour réussir. Il arrive néanmoins que des tuteurs “bienveillants” censés nous apprendre et nous guider dégoûtent certains du métier…
Bonjour Megane. Déjà, à la lecture de ta première phrase je trouve ça totalement horrible en tant que PES d’avoir 2 classes (et en plus 2 doubles-niveaux). La masse de travail doit être énorme, surtout ajoutée à celle de l’ESPE…bravo d’avoir tenu toute l’année, en tout cas. Je suis totalement d’accord avec toi sur le fait qu’il faut travailler dur, mais parfois, hélas, cela n’est pas suffisant. De plus, les tuteurs c’est en effet quitte ou double. Surtout qu’à ce que j’ai compris, les nouveaux PES ont désormais un tuteur terrain et un tuteur ESPE. Double dose de stress.
Déjà, à l’époque, j’avais 10 visites durant l’année de PES puis 5 durant l’année de NT1 et enfin une visite conseils avant l’inspection en NT2 (l’an dernier). Je t’avoue que j’étais bien contente lorsque tout ceci a été terminé. Cette année, je l’ai vécue différemment et de façon plus sereine. Et ça fait vraiment un bien fou ! Donc même si les quelques premières années sont douloureuses, il faut s’accrocher et ne rien lâcher car c’est un très beau métier, qui en vaut le coup.
Certains profs de l’ESPE m’ont gratifiée d’un “ah c’est vous l’heureuse élue!” en début d’année, quoi de plus rassurant pour commencer l’année… En effet les tuteurs c’est quitte ou double, ma tutrice ESPE me parlait de renouvellement et de reconversion début novembre… J’ai du avoir une dizaine de visites également.
J’ai tenu l’année mais ce sera tout pour moi je rends mon tablier comme on dit!
Dur dur d’entendre ça, surtout en début d’année. Je suis triste de voir que tu as décidé d’arrêter. J’imagine que c’est en (grande ?) partie à cause de ce que tu as vécu cette année ? :/
Un très bel article !
Merci Marine. J’espère avoir fait passer au mieux mon ressenti.
Je suis prof aussi mais au collège et en Belgique donc le système de formation est complètement différent mais, au-delà de la vocation, je trouve qu’il y a aussi un vrai manque de formation et parfois de collaboration au sein d’une même école. Parfois, à entendre certains propos et voir certains agissements, on pourrait se demander si ce sont des enfants ou des adultes dont on parle… Une formation relationnelle avec les enfants et une autre avec des adultes seraient profitables (et même pour apprendre à gérer les parents) pour tout le monde. 🙂
Effectivement, c’est aussi un aspect souvent peu abordé dans les discussions. Parfois, les nouveaux enseignants ne sont pas très bien accueillis. Ils manquent aussi cruellement de formation relationnelle, comme tu le dis. De plus, ici, les parents, s’ils découvrent que l’on est nouveau dans le métier, ont une certaine réticence. Est-ce la même chose chez toi ?
Comme toi, je pense qu’être enseignant est une vocation, et que ce n’est vraiment pas donné à tout le monde de ce faire métier avec pédagogie, intelligence et humour.
Merci de ton retour. En effet, souvent, j’entends des parents nous féliciter pour notre courage. Ca me fait sourire car je trouve ça agréable que certains reconnaissent la réalité du métier.
Contrairement à toi, cette expression “vous avez du courage” m’horripile, parce qu’elle donne à croire que nous ne faisons que du gardiennage de fauves, et occulte totalement le côté intellectuel de notre profession.
PS: on ne dirait pas comme ça mais j’aime beaucoup te lire, tu as un point de vue frais et différent du mien, c’est tout 😊
J’aime beaucoup ton point de vue et l’éclairage qu’il apporte. Je ne voyais effectivement pas les choses forcément comme ça, mais je suis totalement d’accord avec toi sur un point. Ce métier nous bouffe et prends trop souvent le pas sur la vie personnelle. Mais ce ne doit plus être le cas.
Dans certaines écoles c’est un peu du gardiennage de fauve, pour reprendre ton expression ^^. Mais en effet, on est (trop) souvent perçus, en tant qu’enseignants, comme de la garderie gratuit et le côté intellectuel de notre métier ressort peu souvent, voire très peu.
aches que de mon côté, je suis bien contente que tu aies osé commenter, bien que n’ayant pas le même avis. Cela permet de discuter et de comprendre les idées autres que celles que l’on a :).
Eh bien je vais détonner un peu dans le décor mais après 10 ans de métier, je pense avoir suffisamment de recul pour affirmer que NON, ce métier n’est pas une vocation. Ni une passion. Dire le contraire, c’est culpabiliser ceux qui font ce métier pour sa fonction première : gagner de l’argent, payer son crédit et élever ses enfants. Le terme vocation a trait au religieux. Parce que nous travaillons avec des enfants, nous devrions avoir la même abnégation? Et bien non. Je fais mon métier correctement et consciencieusement, beaucoup plus que certains je pense, mais ça s’arrête là. Ma priorité, c’est ma vie privée. Et ce métier a trop tendance à rogner dessus.