Humeurs

Je l’aimais, il m’a violée.

31 octobre 2017
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S’il y a bien un sujet qui fait l’actualité en ce moment sur twitter, c’est le hashtag #BalanceTonPorc. Il concerne les victimes (femmes, pour la plupart) d’agressions sexuelles, verbales ou physiques, commises par des hommes. Il a également été relayé aux Etats-Unis par #MeToo (Moi aussi). C’est pourquoi, j’ose enfin parler de ce que j’ai vécu, il y a maintenant 4 ans. Si j’ose en parler si longtemps après, c’est parce que cette actualité me permet enfin de mettre des mots sur mes maux, sans crainte d’être jugée. J’ai passé ce qu’il m’est arrivé sous silence, bien trop longtemps. Par peur du regard des autres ou tout simplement, parce que j’avais honte. Mais, aujourd’hui, je le dis enfin.Aujourd’hui, j’arrête de me taire : je l’aimais, il m’a violée.

Les agressions chez les femmes et, plus encore, les agressions sexuelles, sont souvent passées sous silence. Cela apparaît comme tabou dans notre société et il est rare que porter plainte soit vu d’un bon œil. Mais, si on ne fait rien, on nous le reproche aussi. Alors, finalement, que faire, en tant que femme, lorsque l’on se fait agresser ? Doit-on garder cela enfoui en nous et se taire (à jamais) ? Ou au contraire, faut-il en parler pour que cela n’arrive plus. Jamais. Ni à nous, ni à aucune autre femme.

Il m’a violée, je ne me suis pas défendue.

Ce “il” dont je vous parle depuis le début de l’article, c’est mon ex. Lorsque l’on est en couple, la relation s’intensifie et, bien souvent, devient physique. Petit à petit, lorsque notre couple prenait de l’ampleur, j’avais la sensation de me sentir de plus en plus comme un objet à ses yeux. Il me regardait par désir, seulement. Par envie de faire l’amour avec moi. Ou plutôt, de coucher avec moi. Je me suis vite sentie comme une poupée gonflable, qu’il utilisait juste pour le plaisir, mais sans qu’il n’y ait de réel amour derrière. Pourtant, moi, j’avais toujours des sentiments.

Et puis, un jour, tout a basculé. Il a commencé à me caresser, me tripoter, aller de plus de plus loin. Je n’ai pas réussi à dire quoi que ce soit. Je me sentais comme paralysée, pétrifiée. Comme si ce corps n’était plus le mien. Je subissais. Et puis, j’ai senti des larmes couler sur mes joues et j’ai réalisé que je pleurais. C’est seulement quelques instants après qu’il a arrêté. Je n’ai pas tout de suite réalisé ce qu’il m’arrivait. Toujours incapable de parler ou de bouger, je me suis laissée faire lorsqu’il m’a pris dans ses bras. Et puis, quelques heures, quelques jours, quelques mois après, j’ai compris. Il m’a violée.

Avant d’arriver où j’en suis aujourd’hui et de pouvoir de nouveau faire confiance à un homme, il a fallu passer par un très long chemin. La reconstruction a été très difficile. Je n’avais plus confiance ni en un homme, ni en moi. J’avais honte de moi, je me dégoûtais. Il m’était impossible de regarder et d’accepter mon corps. Comme s’il ne m’appartenait plus. Et puis, petit à petit, je me suis reconstruite, mais je n’ai pas oublié. Car non, on n’oublie jamais vraiment.

On m’a aussi agressée verbalement dans la rue…

J’avais déjà soulevé le sujet du harcèlement, sur le blog. C’était d’ailleurs dans cet article, intitulé “Je porte un short, et alors ?”. Mais j’ai également subi d’autres formes de harcèlement ces derniers mois. Un homme m’a suivie dans les rayons d’un magasin, puis, lorsque je me suis arrêtée, a fini par m’aborder et discuter avec moi. Il me voyait regarder les livres de pâtisserie, m’a demandé si j’aimais cette activité et voulait m’en offrir un. Plus tard, en sortant de l’école, j’étais assez pressée, passe au feu rouge piéton et là, le chauffeur qui était arrêtée me sort un “Vous inquiétez pas, moi je vous aurais laissé passer…”.

En tant que femme, je suis vraiment fatiguée de devoir constamment vivre dans une sorte d’anxiété. Quelque part, nous sommes comme des proies, comme des petits chaperons rouges face aux hommes qui sont les loups. Certes, ils ne sont pas tous comme ça, et heureusement (!). Mais, quel est l’avenir de nos enfants ? De nos filles ? Quel monde va-t-on leur laisser et quelle sera leur vie ? Cela m’inquiète de plus en plus…

En tant que femme, vous êtes-vous déjà fait agresser ?

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5 commentaires

  • Reply Nina 31 octobre 2017 at 14 h 13 min

    Hello, c’est vraiment un très bel article, et très touchant que tu nous livre ici. Merci pour ce beau temoignage, qui peut, peut être en aider plus d’une…
    à très bientôt et courage à toi ☺️

    • Reply Fl3ur de lun3 1 novembre 2017 at 18 h 20 min

      J’espère que cela pourra aider, comme j’aurais voulu être aidée à l’époque…

  • Reply Un brin de culture 1 novembre 2017 at 13 h 10 min

    Un article courageux et libérateur ! Je ne sais que dire de plus …

  • Reply Melle Bulle 1 novembre 2017 at 16 h 40 min

    Je ne peux que te féliciter d’avoir osé en parler. Ce sujet est très sensible, malheureusement très fréquent et il a fallu que cela soit médiatisé par des people pour qu’enfin une partie de notre société se réveille sur cette réalité. En tant que travailleur social, ce sujet m’est familier et je sais combien il est difficile de sortir du silence. Ce genre d’agression est trop souvent banalisé, normalisé ou on arrive à faire croire aux victimes qu’elles l’ont “mérité”. J’espère que ce “buzz” permettra de faire évoluer des mentalités … les victimes gardent à vie des séquelles émotionnelles et psychiques, même si en effet, on peut apprendre à vivre avec. Je pense qu’il faut malgré tout plus d’accompagnement et d’espace de paroles.
    J’ai de mon côté été victime d’agressions verbales dans la rue, des tentatives de rapprochements physiques aussi. On se trouve bien vite démunies face à ça et au final, on se dit que ce n’est pas si grave … mais en effet, on vit avec une boule au ventre, une appréhension … à chaque fois que l’on sort. On est tellement formatées …
    Je n’habite plus dans une grande ville, je ressens moins tout cela désormais, mais je sais que bien enfoui au fond de moi, j’ai toujours cette peur, quand je sors seule, de me faire agresser verbalement … ou bien plus … :/ 🙁

    • Reply Fl3ur de lun3 3 novembre 2017 at 11 h 46 min

      Lorsque l’on a vécu ce genre de situations, il faut avant tout se sentir épaulé(e), je suis bien d’accord avec toi. Mais malheureusement, comme ça a été le cas pour moi, c’est aussi souvent la honte qui prime. On n’ose pas en parler. On a peur d’être jugée, critiquée. On a honte.

      Il est fortement dommage qu’en tant que femmes, on ne se sente plus en sécurité dans le monde dans lequel on vit. Et je trouve très grave que l’on n’ose plus s’habiller de telle manière ou sortir tard, sous peine d’être agressée, verbalement ou physiquement…

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